16
Septembre
Projet pédagogique en maternelle: les classes de cycle
Par Sophie Rahil • Publié le 16/09/2021
Par Sophie Rahil • Publié le 16/09/2021
Chers parents
Comme je vous l’avais annoncé l’année dernière, l’équipe enseignante du cycle 1, se forme et se prépare à mettre en œuvre des classes de cycle réunissant des élèves de Petite Section, Moyenne Section et Grande Section.
En ce début d’année, nous avons mis en place des classes à double-niveaux afin d’aller progressivement vers la classe de cycle à la rentrée prochaine.
Je sais que parmi vous, des parents sont inquiets. Comment l’enseignante va gérer plusieurs tranches d’âges ? Quid du programme ? Les plus grands ne risquent-ils pas d’être « tirés » vers le bas, voire de régresser ? Les plus petits seront-ils bien pris en charge ?
Comme d’habitude, nous sommes effrayés par ce que l’on ne connait pas et par la représentation que l’on s’en fait.
D’après Charles Pépinster, ancien instituteur, puis inspecteur et enfin fondateur d’un institut médico-pédagogique, « regrouper des enfants de 3 ans de manière homogène dans une même section, c’est accumuler les difficultés, c’est risquer de développer la dépendance à l’adulte. Cette hétéronomie freine l’autonomie car l’enfant s’habitue à attendre les consignes pour agir. Sa créativité se met en veilleuse, sa débrouillardise s’estompe. Il pilote alors ses actions sur les désirs identifiés de l’adulte...ou bien il s’oppose. »
D’abord, la rentrée des élèves de PS se fait de façon plus sereine. En effet, au lieu d’avoir tous les élèves qui débutent dans une même classe leur scolarisation, avec un nombre potentiellement important d’enfants en difficulté affective et émotionnelle avec ces premières séparations et l’intégration de l’école, la classe de cycle, ne compte qu’un tiers de PS. A côté d’eux, évoluent d’autres enfants, légèrement plus âgés mais surtout nettement plus sécurisés et donc « sécurisant » (par identification aux pairs) car ils ont déjà une ou deux années d’école à leur actif et sont, de fait, plus sereins dans la classe.
Concernant les apprentissages du devenir élève, la transmission ne se fait pas seulement verticalement, du professeur des écoles à l’élève, mais aussi horizontalement entre pairs, les plus jeunes prenant modèle sur les plus âgés, les plus âgés montrant aux plus jeunes. De ce fait, les actions ritualisées sont alors nettement plus vite acquises, ce qui permet aux élèves et aux enseignants de davantage se concentrer sur les activités d’apprentissage.
L’émulation entre élèves est différente, la classe multi-âge reproduit l’environnement naturel de l’enfant, à savoir un groupe de pairs avec une petite différence d’âge. Les enjeux affectifs entre enfants sont plus sereins, l’imitation fonctionne bien pour les plus jeunes
envers les plus âgés, lesquels progresseront plus vite et plus « naturellement » en motricité, développement intellectuel, langagier etc. grâce à cette organisation qui reprend la répartition d’une fratrie. On sait combien les enfants apprennent de leurs aînés et réciproquement...
Quant aux élèves les plus âgés, ils obtiennent alors un rôle d’aide qui les valorise, mais aussi les oblige à intellectualiser bon nombre d’actions jusque-là probablement faites partiellement ou totalement de façon intuitive ; ils vont alors développer ce qu’on appelle la métacognition, c’est-à-dire une explicitation de ce qu’ils font, comment et pourquoi ils le font. Ils structurent et s’approprient réellement leurs savoirs. Ils prennent conscience du chemin qu’ils ont parcouru, ce qui leur permet de se conforter dans les apprentissages qu’ils ont déjà faits.
Ainsi, les plus grands apprennent à aider les plus petits, c’est-à-dire à leur montrer, expliquer comment faire, mais sans faire à leur place. Et pour leur expliquer quelque chose, ils doivent d’abord prendre conscience de ce qu’ils savent faire, puis réfléchir à comment le dire à un enfant plus petit, ce qui est un travail intellectuel très important, qui permet au cerveau de mieux stabiliser les apprentissages, et d’apprendre mieux de nouvelles choses par la suite.
Les plus grands apprennent également la patience et la tolérance, par exemple si un petit gribouille leur dessin ou détruit leur construction, ils apprennent à ne pas s’énerver contre lui ! Ils apprennent aussi à encourager un petit qui fait un gribouillage, qui pleure ou qui ne réussit pas quelque chose au lieu de se moquer de lui : c’est le développement de l’empathie.
Enfin, l’offre des activités étant beaucoup plus variée et de niveau plus étalé, l’enfant pourra puiser ce dont il a besoin dans les différentes activités de la classe, et pas seulement ce qu’il
devrait faire à son âge. La différenciation pédagogique se fait ainsi plus facilement. Des temps de décloisonnement de classe peuvent se faire dans la journée pour regrouper les élèves selon leur âge, mais aussi au moment de la sieste où l’effectif de la classe sera réduit.
Pour ce qui concerne les compétences transversales, elles sont induites et se développent de façon naturelle et spontanée mais elles sont aussi développées par l’enseignant : tolérance, coopération, écoute, respect des autres et du travail des autres.
Cette organisation permet également de développer l’autonomie des élèves et c’est bien là un objectif primordial
Qu'est-ce que l'autonomie ?
Le développement de l’autonomie est un objectif essentiel de la maternelle, mais qu’entend-on exactement par autonomie à l’école?
On peut distinguer trois grands domaines d’autonomie pour un élève:
- L’autonomie dans la vie quotidienne: savoir s’habiller, se moucher, se laver, s’essuyer aux toilettes, manger avec des couverts…
- L’autonomie de pensée: c’est savoir faire des choix, savoir ce que l’on aime ou pas, savoir chercher une solution, savoir réfléchir
- L’autonomie dans le travail: c'est savoir respecter une consigne, finir un travail et organiser son matériel, savoir où chercher de l'aide si besoin, puis ranger son matériel. C'est aussi savoir prendre conscience de ce que l'on sait déjà faire, de ce qu'on ne sait pas encore faire tout seul, de ce qu'on est en train d'apprendre.
Faites confiance à l’équipe enseignante qui suivra cette année 18h de formation complémentaire pour être pleinement opérationnelle.
Il est bien évident que la mise en place de classe de cycle en maternelle demande un travail très conséquent aux enseignantes. Cela exige une remise en question profonde de leurs pratiques et c’est pour cette raison que nous procédons par étape…
Pour autant, notre priorité reste le développement des compétences de vos enfants et leur épanouissement, au-delà de notre propre confort.
Bien à vous.
Sophie Rahil
Comme je vous l’avais annoncé l’année dernière, l’équipe enseignante du cycle 1, se forme et se prépare à mettre en œuvre des classes de cycle réunissant des élèves de Petite Section, Moyenne Section et Grande Section.
En ce début d’année, nous avons mis en place des classes à double-niveaux afin d’aller progressivement vers la classe de cycle à la rentrée prochaine.
Je sais que parmi vous, des parents sont inquiets. Comment l’enseignante va gérer plusieurs tranches d’âges ? Quid du programme ? Les plus grands ne risquent-ils pas d’être « tirés » vers le bas, voire de régresser ? Les plus petits seront-ils bien pris en charge ?
Comme d’habitude, nous sommes effrayés par ce que l’on ne connait pas et par la représentation que l’on s’en fait.
D’après Charles Pépinster, ancien instituteur, puis inspecteur et enfin fondateur d’un institut médico-pédagogique, « regrouper des enfants de 3 ans de manière homogène dans une même section, c’est accumuler les difficultés, c’est risquer de développer la dépendance à l’adulte. Cette hétéronomie freine l’autonomie car l’enfant s’habitue à attendre les consignes pour agir. Sa créativité se met en veilleuse, sa débrouillardise s’estompe. Il pilote alors ses actions sur les désirs identifiés de l’adulte...ou bien il s’oppose. »
D’abord, la rentrée des élèves de PS se fait de façon plus sereine. En effet, au lieu d’avoir tous les élèves qui débutent dans une même classe leur scolarisation, avec un nombre potentiellement important d’enfants en difficulté affective et émotionnelle avec ces premières séparations et l’intégration de l’école, la classe de cycle, ne compte qu’un tiers de PS. A côté d’eux, évoluent d’autres enfants, légèrement plus âgés mais surtout nettement plus sécurisés et donc « sécurisant » (par identification aux pairs) car ils ont déjà une ou deux années d’école à leur actif et sont, de fait, plus sereins dans la classe.
Concernant les apprentissages du devenir élève, la transmission ne se fait pas seulement verticalement, du professeur des écoles à l’élève, mais aussi horizontalement entre pairs, les plus jeunes prenant modèle sur les plus âgés, les plus âgés montrant aux plus jeunes. De ce fait, les actions ritualisées sont alors nettement plus vite acquises, ce qui permet aux élèves et aux enseignants de davantage se concentrer sur les activités d’apprentissage.
L’émulation entre élèves est différente, la classe multi-âge reproduit l’environnement naturel de l’enfant, à savoir un groupe de pairs avec une petite différence d’âge. Les enjeux affectifs entre enfants sont plus sereins, l’imitation fonctionne bien pour les plus jeunes
envers les plus âgés, lesquels progresseront plus vite et plus « naturellement » en motricité, développement intellectuel, langagier etc. grâce à cette organisation qui reprend la répartition d’une fratrie. On sait combien les enfants apprennent de leurs aînés et réciproquement...
Quant aux élèves les plus âgés, ils obtiennent alors un rôle d’aide qui les valorise, mais aussi les oblige à intellectualiser bon nombre d’actions jusque-là probablement faites partiellement ou totalement de façon intuitive ; ils vont alors développer ce qu’on appelle la métacognition, c’est-à-dire une explicitation de ce qu’ils font, comment et pourquoi ils le font. Ils structurent et s’approprient réellement leurs savoirs. Ils prennent conscience du chemin qu’ils ont parcouru, ce qui leur permet de se conforter dans les apprentissages qu’ils ont déjà faits.
Ainsi, les plus grands apprennent à aider les plus petits, c’est-à-dire à leur montrer, expliquer comment faire, mais sans faire à leur place. Et pour leur expliquer quelque chose, ils doivent d’abord prendre conscience de ce qu’ils savent faire, puis réfléchir à comment le dire à un enfant plus petit, ce qui est un travail intellectuel très important, qui permet au cerveau de mieux stabiliser les apprentissages, et d’apprendre mieux de nouvelles choses par la suite.
Les plus grands apprennent également la patience et la tolérance, par exemple si un petit gribouille leur dessin ou détruit leur construction, ils apprennent à ne pas s’énerver contre lui ! Ils apprennent aussi à encourager un petit qui fait un gribouillage, qui pleure ou qui ne réussit pas quelque chose au lieu de se moquer de lui : c’est le développement de l’empathie.
Enfin, l’offre des activités étant beaucoup plus variée et de niveau plus étalé, l’enfant pourra puiser ce dont il a besoin dans les différentes activités de la classe, et pas seulement ce qu’il
devrait faire à son âge. La différenciation pédagogique se fait ainsi plus facilement. Des temps de décloisonnement de classe peuvent se faire dans la journée pour regrouper les élèves selon leur âge, mais aussi au moment de la sieste où l’effectif de la classe sera réduit.
Pour ce qui concerne les compétences transversales, elles sont induites et se développent de façon naturelle et spontanée mais elles sont aussi développées par l’enseignant : tolérance, coopération, écoute, respect des autres et du travail des autres.
Cette organisation permet également de développer l’autonomie des élèves et c’est bien là un objectif primordial
Qu'est-ce que l'autonomie ?
Le développement de l’autonomie est un objectif essentiel de la maternelle, mais qu’entend-on exactement par autonomie à l’école?
On peut distinguer trois grands domaines d’autonomie pour un élève:
- L’autonomie dans la vie quotidienne: savoir s’habiller, se moucher, se laver, s’essuyer aux toilettes, manger avec des couverts…
- L’autonomie de pensée: c’est savoir faire des choix, savoir ce que l’on aime ou pas, savoir chercher une solution, savoir réfléchir
- L’autonomie dans le travail: c'est savoir respecter une consigne, finir un travail et organiser son matériel, savoir où chercher de l'aide si besoin, puis ranger son matériel. C'est aussi savoir prendre conscience de ce que l'on sait déjà faire, de ce qu'on ne sait pas encore faire tout seul, de ce qu'on est en train d'apprendre.
Faites confiance à l’équipe enseignante qui suivra cette année 18h de formation complémentaire pour être pleinement opérationnelle.
Il est bien évident que la mise en place de classe de cycle en maternelle demande un travail très conséquent aux enseignantes. Cela exige une remise en question profonde de leurs pratiques et c’est pour cette raison que nous procédons par étape…
Pour autant, notre priorité reste le développement des compétences de vos enfants et leur épanouissement, au-delà de notre propre confort.
Bien à vous.
Sophie Rahil
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